SANTÉ BUCCO-DENTAIRE ET INFECTIONS

Élimination et contrôle de tout risque infectieux : fractures, caries, parodontite, gingivite …
Importance de la prévention, du dépistage précoce par une maintenance appropriée.

FAQ

1. Qu’est-ce la parodontite ?

Il s’agit d’une maladie infectieuse attaquant la gencive, le ligament alveolaire (fibres connectant les racines dentaires à leur environnement), et l’os alvéolaire qui entoure et supporte les racines dentaires. Ces 3 tissus constituent le Parodonte. Cette maladie aboutit au « déchaussement » progressif des dents. Les bactéries responsables sont d’espèces multiples et se retrouvent dans un biofilm aussi appelé « plaque dentaire » stagnant sous la gencive. Elles relarguent des toxines provoquant une inflammation permanente. Le plus souvent, il s’agit d’une maladie chronique à évolution lente que l’on rencontre fréquemment dans la population. Les effets de la destruction osseuse sont plus ou moins rapides selon l’hôte (système immunitaire), le type de bactéries présentes dans le biofilm, et leur quantité. Des facteurs aggravants comme le tabac peuvent accélérer de 4 à 10 fois la vitesse de résorption. L’affaiblissement du soutient osseux autour des dents est souvent exponentiel. En l’absence de traitement, il conduit à des mobilités dentaires progressives et irréversibles.

2. Qu’est-ce que la parodontite agressive ?

Lorsque le patient présente des épisodes récurrents de crise aiguë généralisée (manifestations inflammatoires disproportionnées par rapport à l’hygiène du patient), nécessitant l’usage d’antibiotiques et d’antiseptiques puissants, on parle de parodontite agressive, car elle s’accompagne de pertes osseuses violentes autour des dents (« déchaussement » important et rapide).
Dans ce cas, la nature de l’hôte (facteurs génétiques, maladies générales chroniques comme le diabète, maladies affectant directement le système immunitaire comme le VIH,…) est mise en cause et doit être traitée ou contrôlée médicalement.

3. Qu’est-ce que la plaque dentaire, ou biofilm ?

La « plaque dentaire » que nous appelons « biofilm » est constituée d’un agglomérat de bactéries, protéines, glucides et lipides présents en grande quantité et dilués dans la salive. Cliniquement, il s’agit d’un dépôts visqueux plus ou moins pâteux qui s’appose entre les dents et sous la gencive.

Au départ, le biofilm a, au bout d’une dizaine d’heures un aspect de crème blanchâtre facilement visible à l’œil nu. A ce stade, les bactéries présentes à l’intérieur sont inoffensives comme celles que l’on trouve dans la flore salivaire. Par contre, en l’absence d’élimination par brossage (seule unnettoyage mécanique est à ce jour efficace), celle ci s’accumulent et le milieu change. Progressivement l’épaississement du biofilm aboutit à un milieu pauvre en oxygène. Des bactéries anaérobies prolifèrent et détruisent les autres bactéries. Le biofilm, dès 48h présente un aspect jaunâtre épais. A 72h, il devient marron clair, brun, plus compact et crayeux. Au bout de 3, 4 jours, des phénomènes de calcification (calcium relargué par les glandes salivaires) se produisent et précipitent les bactéries mortes en les « fossilisant ». Les premières traces de tartre apparaissent dans les strates profondes du biofilm.
Toutes les études montrent une gingivite dès le 3ème jour si les bactéries ne sont pas éliminées car elles peuvent ainsi s’accumuler et se multiplier. Le biofilm s’épaissit, et le milieu est modifié. Il devient toxique vis à vis du parodonte et initie son altération : parodontite.

4. Qu’est-ce la carie dentaire ?

La carie est une attaque bactérienne des tissus dentaires (émail et dentine). Une seule espèce de bactéries a été identifiée comme étant responsable de ce type de lésions : Streptocoque Mutans. Cette espèce bactérienne présente dans la salive se trouve en grande quantité dans la « plaque dentaire » ou « biofilm ». Elle se multiplie en milieu acide et se nourrit principalement de saccharose (constituant principal des sucres industriels). Lors de leur développement, ces bactéries relarguent des acides qui vont déminéraliser la surface dentaire et initier une cavité. Elles favorisent ainsi leur prolifération par une acidification constante du milieu. Les brossages insuffisants, l’alimentation acide ou sucrées, les pathologies telles que les reflux gastriques, … sont des facteurs de cario-susceptibilité. Le degré de minéralisation des dents (« dureté »), le débit salivaire, la qualité de salive (pouvoir tampon) sont des facteurs biologiques protecteurs vis à vis de la carie dentaire.

5. Comment bien nettoyer dents et gencives ?

La seule façon d’éliminer les bactéries constituant le biofilm ou « plaque dentaire » est le brossage.

Les bains de bouche ou tout autre antiseptique local ne suffisent pas à détruire le film bactérien à l’origine des caries ou des parodontites. Ils peuvent être indiqués en complément du brossage, mais leur durée ne doit pas excéder 3 semaines, et leur action est essentiellement muqueuse.

Il faut impérativement désorganiser les dépôts visqueux qui se collent sur les dents et sous les gencives par une action mécanique.
Un brossage approprié de l’ensemble des faces dentaires, 2 à 3 fois par jour permet un nettoyage efficace des dents et de la gencive marginale.
De nombreuses marques présentent des modèles de brosses à dents et brossettes interdentaires.
Les dernières études montrent de meilleurs résultats avec des brosses électriques oscillo-rotatives utilisées avec la chronologie des 3 faces, et selon un axe oblique vers le sillon gingivo-dentaire lors du nettoyage des faces internes et externes.
Le passage dynamique de brossettes interdentaires imprégnées de dentifrice, et introduites horizontalement entre les dents permet un nettoyages des racines exposées. Elles sont nécessaires en cas de parodontites modérées à sévères.
La nature du dentifrice est moins importante que le matériel et la technique de brossage. Cependant, chez l’adulte, il faut privilégier les dentifrices à 2000 ppm de fluor minimum, et utiliser des dentifrices salés, argileux, renforcés en antiseptiques locaux, lors de soins ciblant la gencive et plus largement le parodonte.

6. Quel est le traitement d’une parodontite ?

Le traitement vise dans tous les cas diminuer la quantité de « plaque dentaire » ou « biofilm » présent sur les surfaces dentaires ou implantaires, en particulier sous la gencive et entre les dents. Le contrôle de plaque est effectué par le patient 2 à 3 fois par jour avec du matériel approprié à sa denture et à son parodonte.

La brosse à dent électrique oscillo-rotative présente les meilleurs résultats. La nature de la tête et la technique de brossage sont déterminé et présentées au cabinet dentaire.

Les brossettes interdentaires sont nécessaires dès lors que des surfaces de racines sont exposées. Là aussi, le type d’instrument, les formes et diamètres des brossettes sont déterminées avec le praticien lors de l’explication des techniques d’hygiène orale au début du traitement.

Parallèlement, plusieurs séances de détartrage, aéropolissage, surfaçages-polissage ont été planifiées en fonction du diagnostic parodontal. Elles visent à désinfecter les surfaces dentaires et radiculaires, à atténuer en les lissant les rugosités de surface sur lesquelles les bactéries ont plus de facilité a se coller, et à supprimer les obstacles tartriques qui empêchent ou perturbent le passage des instruments de nettoyage quotidien par le patient (brosse à dent, brossettes interdentaires).

L’ensemble de ces premières séances constituent la phase parodontale initiale (ou étiologique). Elle aboutit à une diminution générale des phénomènes inflammatoires au niveau de la gencive et des tissus marginaux.

A l’issue de cette phase, un premier sondage parodontal va permettre de cartographier les lésions parodontales en l’absence de phénomène inflammatoire.

Un deuxième sondage a lieu 3 mois plus tard pour apprécier le niveau de cicatrisation de chaque site. Il en découle la mise en place d’une fréquence de maintenance, et éventuellement la planification d’interventions chirurgicales d’assainissement ou de régénération sur certains sites réfractaires.

Une enquête précise concernant les facteurs aggravants comme le tabac, l’alimentation, les maladies générales affectant le système immunitaire… est systématiquement menée pour permettre d’établir un diagnostic de sévérité de la maladie parodontale. Dans tous les cas, une maintenance (ou suivi parodontal) doit être mise en place afin de contrôler et de prévenir l’évolution de la maladie.

7. Qu’est-ce qu’une maintenance ?

La maintenance est une séance d’une heure environ consacrée à apprécier l’état parodontal du patient en corrélation avec les radiographies et les sondages précédents. Elle vise à contrôler et à prévenir des évolutions de la maladie parodontale par des conseils d’hygiène, ainsi que des soins locaux tels que détartrage, surfaçage, aéropolissage, irrigation.

La fréquence de maintenance dépend du niveau de sévérité initiale de la maladie, et du type de réponse au traitement. Elle est donc déterminée après la phase initiale.

Dr Fournier santé bucco-dentaire